jeudi 27 janvier 2011 extraits choisis par José Le Roy
• Ma conscience se retira du paysage – François Malespine
Un jour, j’ai vu un paysage au travers d’une fenêtre ouverte comme je ne l’avais jamais vu. Tout à coup, ma conscience se retira du paysage et devint le vide de la fenêtre. Je n’étais plus conscient « de » mais simple conscience. Je n’étais plus « moi » mais simple « Je Suis ». Le paysage apparaissait sans rien qui puisse murmurer : « c’est moi qui regarde, c’est à moi que ceci apparaît ». En devenant le vide de la fenêtre, je devins intense présence à ce qui était perçu, sans qu’il y ait trace de jugement. A la place une intense conscience du niveau qualitatif de ce qui était observé. Dans ce type d’expérience, le «JE » qui regarde est sans localisation, sans histoire personnelle, sans sensation de commencement, de fin, ou de « temps ». Il est espace, vacuité, luminosité. Dans le livre « Sois » de Nisargadatta Maharaj, une expérience similaire est rapportée :
Visiteur: « Je perçois ici même une chose qui n’a ni forme ni couleur – l’espace de cette pièce – et en moi, je distingue un espace similaire et ce n’est pas l’oeil qui le voit. Cela ne relève pas du « corps-intellect » ».
Maharaj : « Exact. Fixez-vous à ce niveau, trouvez-y votre véritable identité. Cet espace est libre comme la lumière, comme l’air. Il n’a aucune forme, mais il est beaucoup plus subtil et réel que l’air et la lumière. Ne quittez pas ce niveau. Aucun effort n’est nécessaire pour parvenir à cette union avec la conscience qui se fait spontanément, mais un effort est nécessaire pour atteindre le niveau où l’on comprend véritablement que cela se produit sans effort ».
A partir de cet espace le monde (intérieur ou extérieur) est simplement vu. Cette conscience est non connectée mais intensément présente au « nom et à la forme ». Elle est vécue comme « source-mère » de toutes les formes manifestées, et de ce fait fondamentalement aimante. Pur « Je Suis », elle est présence numineuse, énergie à partir de laquelle, comme le dit Ramesh Balsekar « La Vie EST ». Tout apparaît et disparaît en son sein.
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Après cet éveil ordinaire, même si cet état n’est pas stabilisé, nous nous ressentons comme « espace » en lequel se déploie le manifesté sous la forme de l’individu que nous sommes, et sous la forme du monde. Nous assistons à l’apparition et à la disparition constante du vu, perçu, conceptualisé, de nos identifications (apparition et disparition du spectateur scotché au film et identifié au premier rôle). Nous commençons à devenir une personne, dans les deux sens de ce terme : être sans moi (je ne suis personne) et per sonare (sonner à travers). Il est alors clairement perçu que la réalisation de cette conscience impersonnelle totalement accomplie laissera l’incarnation vide de moi et libre de résonner du Divin.
Extraits choisis pour Éveil Impersonnel, tirés du livre Mal d’ego, Bonheur d’être, de François Malespine, publié aux Éditions Charles Antoni – l’Originel.
NON-DUALITÉ
La lettre du Crocodile en parle
MAL D’EGO, BONHEUR D’ÊTRE DE FRANÇOIS MALESPINE
lundi 14 mars 2011 par Claire Mercier
Ce livre aborde l’éveil ordinaire, le Rigpa tibétain ou petit satori du zen. A travers son cheminement, de ses expériences et ses multiples rencontres, l’auteur témoigne du jeu de la conscience entre dualité lourde et non-dualité. C’est aussi un hommage discret à tous ceux qui assumèrent pour lui une fonction d’éveilleur : Père jean, Marthe Robin, Lanza del Vasto, Arnaud et Denise Desjardins, Alain Bayod, Dudjom Rimpoche, Lama Guendun, Douglas Harding, Amma et d’autres.
« La conscience égotiste, nous dit l’auteur, nous apparaît en tant que non- conscience, conscience de « moi je suis ceci/cela », mais absente du réel et de ses manifestations car sur toutes ses perceptions, cette conscience ne fait que projeter diverses influences et conditionnements, résultant de l’éducation familiale, du système scolaire et de la culture propre au pays. Cela fait dire au maître indien swami Prajnanpad : « Vos pensées sont des citations, vos émotions sont des imitations, vos actions sont des caricatures. » Et si nous pensons que cela concerne les autres, c’est que le chemin, pour nous, n’a pas commencé. En revanche, la conscience impersonnelle « Je Suis », est goûtée en tant que conscience-présence, non consciente d’Elle-même en tant que je suis ceci/cela, vide de références identitaires, sans aucune appropriation, et pour cette raison intensément aimante et présente au réel et à ses manifestations. Elle s’exprime ainsi à travers St. Jean de la Croix : « Vous direz que vraiment je me suis perdue. Qu’éprise d’un Amour ardent, je me trouvais en me perdant. ». »
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